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DE HENRI III. [i S^Ô'] I 3o.
bouche du peuple, à qui ils étoient fort odieux, tant pour leurs façons de faire badines et hautaines, que par leurs accoustremens. efféminez, et les dons immenses qu'ils recevoient du Roy. Ces beaux mignons portoient les cheveux longuets, frisés et refrisés, remon-tans par dessus leurs petits bonnets de velours, comme font les femmes ; et leurs fraises de chemises de toille d'atour empesées, et longues de demi pied : de façon que voir leurs têtes dessus leur fraise, il sembloit que ce fût le chef de S. Jean en un plat.
Le lundy 6 d'aoust, Charles de Lorraine, duc de Mayenne-la-Juhel, fut marié à Meudon avec Marie de Savoye (0, fille unique du comte de Villars, admirai de France, et veuve de Montpezat, dont elle avoit six enfans vivans. Ce seigneur fut attrait par cent mil livres comptant, et trente mil livres de rente au premier né de ce mariage. Bruit fut que ce duc avoit presté les cent mil livres au Roy, et qu'il avoit reçu assignation de trois cent mil sur les deniers provenans de la vente des biens du clergé.
Le i3 dudit mois, l'évêque de'Paris rapporta de Rome la permission de vendre du bien de l'Eglise jusqu'à la concurrence de cinquante mil écus de rente ; dont tout le clergé lui sut fort mauvais gré.
En ce tems, le Roy alloit à pied par les eglises de Paris - pour gagner le jubilé envoyé par Gregoire xiii , [ accompagné de deux ou trois personnes seulement. ] Tenant en sa mainde grosses patenotres, les alloit disant
(-) Marie de Savoye.- Elle se nommoit Henriette de Savoie , et non pas Marie. Elle étoit fille unique d'Honorat de Savoie, deuxième du nom, marquis de Villars, maréchal et amiral de France, et veuve de Melchior des Prez, seigneur de Montpesat.
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